Autolib’: c’est fini.

 

 

 

Concurrencé par Uber et autres services d’autopartage, plombé par une dette abyssale, l’équivalent de Communauto et de Car2Go dans Paris, Autolib’, est à l’article de la mort. Cette fermeture entraînera celle de Vélib’, l’équivalent du Bixi parisien.

Les élus de la région parisienne ont mis fin jeudi au contrat liant la capitale française à la société chapeautant Autolib’, Blue Solutions, une filiale du groupe Bolloré, en sérieuses difficultés financières. Cette décision a surpris tout le monde et entraîné son lot de critiques, car elle est jugée contraire à la tendance au mélange de plusieurs modes de transports urbains, en forte croissance partout dans le monde.

Plusieurs élus sont aussi en désaccord, car la résiliation du contrat s’accompagne d’une pénalité d’au moins 150 millions de dollars. Les utilisateurs ont lancé une pétition qui a recueilli 14 000 signatures en quelques heures. (Elle a maintenant dépassé les 23 000 signatures.)

Le groupe Bolloré va aussi contester la chose en justice. Cinq cents emplois sont en jeu.

Autolib’ fut lancé en 2011 par l’industriel Vincent Bolloré. Le service d’autopartage parisien compte 4 000 petites voitures 100 % électriques, construites par Bolloré, ainsi qu’un réseau de bornes de recharge et 6 200 places de stationnement. Le réseau compte 150 000 abonnés actifs.

 

Une dette épouvantable

Immensément populaire, Autolib’ a toutefois accumulé un déficit de 355 millions de dollars, que refuse d’assumer la mairesse de Paris, Anne Hidalgo. La mairesse a la majorité des voix à l’instance où la décision de «tirer la plogue» fut prise. Certains croient qu’elle préfère faire face à la musique dès aujourd’hui plutôt que pendant la campagne électorale de 2020, où elle va fort probablement solliciter un nouveau mandat.

Le Groupe Bolloré exigeait un financement de 360 millions de dollars des pouvoirs publics pour éponger les dettes prévisionnelles jusqu’en 2023 – une demande jugée abracadabrante par la mairesse. L’entreprise soutient que Autolib’ demeure un succès commercial, malgré une dette estimée à 454 millions de dollars…

Les élus ont proposé une sortie progressive, mais Bolloré a refusé net. Sur le site web d’Autolib’, un message indique qu’elle attend une notification écrite confirmant la résiliation du contrat (fixée au 25 juin) avant de faire quoi que ce soit.

Mais, dans les faits, le service sera probablement interrompu dans les prochaines heures. La résiliation comprend le rachat automatique par Paris et les banlieues des bornes de recharge, qui desserviront désormais les citoyens propriétaires d’une voiture électrique.

La mairesse Hidalgo soutient qu’elle discute avec d’autres constructeurs afin de relancer un service similaire au cours des prochains mois. Mais les experts doutent que ce soit réaliste de remplacer une flotte de 4 000 véhicules électriques en si peu de temps.

À l’origine, le service devait entraîner rapidement un bénéfice de 85 millions de dollars par an. Mais, entre-temps, s’est installée la concurrence acharnée des services d’autopartage avec chauffeurs, comme Uber, Heetch qui vient de fêter ses cinq ans, Chauffeur privé, Txfy, AllôCab et LeCab.

Vincent Bolloré voulait exporter le concept un peu partout dans le monde et avait même discuté avec l’ex-maire de Montréal, Denis Coderre, lors d’un voyage de ce dernier à Paris, en mai 2014. M. Coderre avait par la suite rapidement bloqué toute expansion des services d’autopartage Car2Go et Communauto, leur préférant une flotte 100 % électrique. Cette décision avait été vivement critiquée.

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